lundi 5 novembre 2012

SUPPRIMONS LES AYANTS DROIT !


Le problème des droits d'auteurs n'est pas tant un problème d'auteurs que d'ayants droits. Voici un extrait de l'interview d'Eugénie, petite-fille de Jacques Prévert et seule ayant droit, par Hervé Pauchon.

Hervé Pauchon : Est-ce que c'est difficile d'être la petite-fille de Jacques Prévert ?
Eugénie : Oh oui... oui, je pense, c'est beaucoup le... enfin... c'est le cas de beaucoup de personnes qu'ont des parents qui sont célèbres, c'est pas euh, c'est pas facile.
HP : Je peux avoir votre prénom ?
Eugénie : Eugénie.
HP : Eugénie. Qu'est-ce que vous faites ? A part être la petite-fille de Jacques Prévert ?
Eugénie : Eh ben euh... déjà, c'est pas une chose en soi, enfin moi je d'être la petite fille ça n'a aucun j'ai aucun mérite à être la petite-fille de Jacques Prévert. Moi, j'suis peintre... peintre, plasticienne... Voilà... Et puis après je suis surtout "ayant droit". Parce que petite-fille, c'est un peu vaste. J'suis ayant droit d'Jacques Prévert, j'suis la seule descendante, donc euh, je gère euh les droits, donc euh... C'est pour ça qu'il y a une structure ici qui s'appelle "Fatras" et c'est pour ça que... voilà, que les livres peuvent se faire, que des choses euh...
HP : Eh bien justement, je me demandais... Combien ça représente, les droits de Jacques Prévert, par an, comme ça ?...
Eugénie : Ben ça représente... euh, les droits "livres", ça représente 50 000 €... Après ça représente, euh, une année, euh... 300 000 €, une année euh... normale, et puis 400 000 si y a plein de choses qui se croisent... Voilà, c'est pas... Et puis c'est surtout la, la chanson en fait, qui... avec les "Feuilles mortes"...
HP : Ah oui, à chaque fois que les Feuilles Mortes passent, c'est...
Eugénie : Voilà, mais au final ça fait des droits d'auteur qui sont confortables pour des auteurs.
HP : Quels souvenirs vous avez de votre grand-père ?
Eugénie : Alors moi, j'ai vraiment très peu de souvenirs, j'ai un peu des souvenirs un peu fugaces, après c'est vraiment ce que... ce que ses amis m'ont vraiment apporté en me parlant de lui, voilà, après au contact aussi de son oeuvre... Je suis ayant droit depuis très longtemps, depuis que j'ai onze ans, donc euh...
HP : Vous aviez quel âge quand il est décédé ?
Eugénie : Moi, j'avais euh... 3 ans.

Voilà donc une jeune femme qui touche entre 300 et 400 000 € par an du travail d'une personne qu'elle n'a pour ainsi dire jamais connue et dont elle n'a pas de souvenir. Au moins a-t-elle l'honnêteté de l'avouer : elle n'a aucun mérite à être la petite-fille de Jacques Prévert !

Alors... Et si on supprimait les ayants droit ? Après tout, ils ne créent rien, voire empêchent la création, ils ne sont pour rien non plus dans le processus de création de l'oeuvre dont ils "détiennent" (dans le sens carcéral ?) les droits...
Qu'un auteur, un créateur vive de son art, rien de plus normal. Mais est-il normal que son fils, son arrière-petite-fille, son cousin ou pire son agent ou son éditeur s'engraissent d'une rente artistique à laquelle ils n'ont pris aucune part ?

1 commentaire:

  1. Merci pour ce post auquel je souscris parfaitement!
    LF (cupfoundation.net)

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